Le dossier Logos

Premier journal underground au Québec, c’est à dire associé à la fois à la new left et à la contre-culture, Logos parait pour la première fois en octobre 1967. L’équipe originale, groupée autour de Paul Kirby et Adriana Kelder, fait paraître au total dix numéros, le dernier étant daté d’avril 1969. Un pendant francophone, Le Voyage, ne connaîtra que deux numéros en 1968. Logos aura encore quatre autres incarnations par autant d’équipes dans les années suivantes.

–> Présentation du Logos original

–> Entrevue avec les fondateurs

–> Télécharger tous les numéros présentés ici

Le journal Le Voyage

Issu d’une scission volontaire de LOGOS, le journal Le Voyage apparaît en mai 1968 pour deux brefs numéros. On lit dans son liminaire qu’il entend devenir « LE PREMIER JOURNAL QUÉBÉCOIS DE CONTESTATION ET L’ORGANE D’INFORMATION DE L’HOMME NOUVEAU », le tout en majuscules. Les collaborateurs seront principalement ceux qui étaient déjà dans Logos : Jacques Larue-Langlois, Robert Myre, Léandre Bergeron, Emmanuel Cocke, et d’autres qui feront leur nom dans le milieu de la contre-culture à Montréal, comme Le Baron Philip, Serge Lemoyne ou Jean Roy.

De retour à Logos

Le numéro 7, ou le début des troubles. Ils étaient déjà commencés, la police harcelant les vendeurs de Logos sur la rue. Cette une, représentant le corps peint d’Adriana Kelder tenant dans sa main un policier, fut une déclaration de guerre. Le numéro fut immédiatement saisi, et ses créateurs poursuivis pour obscénité.

Le #8 fut le premier à prendre de la couleur. Ce numéro est d’un intérêt particulier parce qu’il consacre la guerre ouverte de Logos avec les autorités, particulièrement la police et la mairie, suite à la saisie du #7 pour obscénité et au harcèlement constant qui s’en est suivi.

lire en PDF

Le #9, ou la fameuse fausse une de la Gazette, présentée tête-bêche. La réception oscilla entre la stupeur et la furie. L’écho fut considérable et l’éditeur du journal, Paul Kirby, fut poursuivi (et ultimement condamné) pour production de fausses nouvelles. Le numéro se distingue également par son audace visuelle : chaque page est un essai graphique qui établit la réputation de Logos dans la culture underground nord-américaine ; Mainmise notait « qu’une tonne de couleurs rendait le tout complètement illisible, aussi stone soit-on. » –> télécharger en PDF

Le # 10. Dernier numéro de l’équipe de Paul Kirby. Genre de testament, alors que les multiples démêlées judiciaires pèsent toujours sur l’éditeur, qui pressent la fin de l’aventure et passera le titre à une autre équipe avant même la conclusion des procès. Le journal régulier, identifié «section 2», est inséré dans plusieurs pages doubles énonçant un projet utopique d’être nouveau. –> télécharger en PDF

Logos, volumes 2 à 5

Paul Kirby et Adriana Kelder, partis fonder une troupe de théâtre itinérante en Colombie Britannique, la Caravan Stage Company, ont laissé le journal à une nouvelle équipe qui comprenait notamment Jean Nantel, directeur du centre social Contact (voir vol1#5). On laissera le soin de la présentation au magazine Mainmise, qui traçait un bref historique du journal dans son #15 daté d’août 1972.

VOLUME 2 # 1 – pages choisies [# complet ici]

« Une seconde équipe remplaça dès lors la première. On y trouvait Jean Nantel, Glustein, Frank O’Brien et Nathan Wolkowitz, comme membres à part entière de la tribu. Cette seconde époque s’aligna sur la première de Paul Kirby. Cinq numéros parurent. LOGOS devient un des meilleurs journaux underground du monde et l’un des plus imaginatifs qui ait jamais existé. […] » (- Mainmise #15, août 1972)

VOLUME 2 #3 – pages choisies [# complet ici]

VOLUME 2 #4 – [# complet ici]

le meilleur de ce volume, au moins visuellement. le texte «straight rag sucks» est aussi important à différents égards ; on y reviendra

VOLUME 2 #5

jai acheté un scanner surdimensionné pour numériser mes journaux, jusqu’à ce que je tombe sur un numéro qui surdimensionnait la surdimension. dire qu’il m’a donné du fil à retordre est un euphémisme qui transparaît très bien dans les photographies que je me suis résolu à prendre

VOLUME 3

« Le troisième LOGOS fit son apparition en mars 1970. C’était le prolongement du second, mais la teinte en était nettement plus politique. Cette orientation radicale, à tendance anarchiste, se renforça durant les six numéros publiés. Puis LOGOS se fit buster pour la troisième fois pour obscénité et libelle diffamatoire. Cette cause est toujours en cours mais les personnes impliquées ont disparu. » ( – Mainmise #15, août 1972)

seulement les couvertures ici ; certaines renvoient aux numérisations d’ARCMTL disponibles sur archive.org

VOLUME 4 & 5 [les # disponibles ici]

Le quatrième LOGOS ne dura qu’un numéro, l’été passé. Il fut produit par une équipe composée de Huck, Ted, Herbert et Poupa. Ce fut un numéro radical, très politique. La réalisation technique était très inférieure à ce qui se faisait avant. L’accueil du milieu fut médiocre et l’équipe se dispersa.

Le cinquième LOGOS, celui que vous pouvez acheter en ce moment, est composé par une équipe formée de Robert Karniol, Nathan Wolkowitz et de John Marret. La direction, quoique nettement politique, semble aller vers une presse de type communautaire. (Mainmise #15, août 1972)

pour tout savoir sur Logos, lire notre présentation générale ainsi que notre entrevue avec ses fondateurs. on recommande aussi la lecture du chapitre qui lui consacrre Ron Verzuh dans Underground Times: Canada’s Flower-Child Revolutionaries (Deneau, 1989), ainsi que cette autre entrevue avec Paul Kirby & Adriana Kelder par Montreal Undergound Origins, tout comme la collection numérique d’ARCMTL sur archive.org

un immense merci à Jasmin Miville-Allard pour son assistance à la recherche et au photoshop ; à Pascual Delgado et feu Yvan Mornard pour les copies qu’ils ont mises à notre disposition ; et à Paul Kirby & Adriana Kelder de nous avoir raconté leur histoire.