Le grand livre des privations & le journal

LE GRAND LIVRE DES PRIVATIONS

Le grand livre des privations est paru en cinq volumes, entre 1993 et 1999. Édité avec grand soin, imprimé avec la presse manuelle du concepteur graphique Martin Dufour, sur du papier vergé fait main, il a connu une existence discrète et s’est très peu vendu. Cet essai philosophique et anthropologique tente de saisir les limitations de l’être humain, qu’elles soient psychologiques ou sociales, dans un impératif de libération qui ne peut survenir qu’après la mise à sac de toute censure, religion ou croyance. Il se dégage de ce livre une morale noire, profondément anarchiste et existentialiste, un peu à la manière de Stirner dont l’auteur se réclame, qui renvoie l’humain à sa solitude première et fondamentale, donc à sa liberté.

Il est disponible avec les autres oeuvres d’Yvan Mornard en téléchargement ici.

Extrait de notre entrevue avec Yvan Mornard :

J’ai fait Le grand livre des privations sur dix ans, deux ans pour chaque livre. J’ai élagué beaucoup de matériel, et il a fallu compacter le tout pour faire de chaque pensée une petite bombe. Ce fut extrêmement difficile – je n’étais pas capable de faire un livre gentil. Le tout est habité d’une immense colère, et vingt ans plus tard je suis intrigué par des livres que je n’ai pas voulus mais qui se sont imposés à moi par nécessité.

Le livre demande au lecteur d’oublier tout ce qu’on lui a dit, et à la fin, de se révolter. Il se termine sur la nécessité d’« être pour nous-mêmes une valeur » et sur cet axiome : « toute pensée qui avance est nécessairement rebelle. » Et j’ai ajouté une phrase au début de l’édition numérique qui ne se retrouve pas dans la version imprimée, et qui résume tout le livre : « ta vie est ta seule vérité ». Il y a une certaine parenté d’esprit avec Stirner. Enfin, je n’ai rien d’autre à dire au lecteur qu’il doit se réveiller.

Le journal

Yvan Mornard a par ailleurs tenu un Journal qui court de 1957 à 2017 ; de celui-ci ont été tirés à part certaines considérations thématiques comme en témoignent les titres explicites du Journal d’un philosophe underground, du Journal d’un masturbateur, et même Alibaba : journal d’un jardinier de cannabis. Tous ces volumes n’ont paru que numériquement ; en étant simplement déposés à la BANQ. Il sont disponibles ici. Le journal, dans sa version illustrée, donne plusieurs informations complémentaires à la publication de ses revues ; sur le plan littéraire, le journal d’un philosophe underground est le plus intéressant.